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Au graphisme très personnel, Laudy avait un talent indéniablement
en avance sur son temps. Dès le début, sa ligne est nette
et se caractérise par la simplicité qu'on retrouve chez Hergé.
Les pastels de sa peinture créent un effet féérique
par l'atmosphère des "Mille et Une Nuits" qui caractérise
cette b.d. orientaliste qu'est "Hassan et Kaddour",
son chef-d'œuvre. Il était un des premiers qui attachait tellement
d'importance aux couleurs. A tel point que le jeu des lignes se retrouve
au deuxième plan et que ses b.d. ressemblent à de petites
peintures ; les pastels chauds et doux exercent un charme unique sur l'ensemble.
"David Balfour" marque un sommet dans l'histoire de la BD en Belgique : Laudy va non seulement s'y livrer à la première mise en couleurs directes de planches originales, mais aussi utiliser différentes techniques sur une même planche, jouant avec adresse et audace de l'aquarelle, de l'encre et des crayons. Les techniques de l'époque ne permettaient hélas pas de restituer les subtiles nuances de ses coloriages. Remarquons également un découpage des planches assez symétrique, tout comme chez son ami et bédessinateur E.P. Jacobs. Tout en restant assez "classique" on y retrouve des prises de vue telles que gros-plan, contre-plongées, ombres chinoises... ; un bon exemple en est "Karel en de Elegast". Laudy n'a pas vraiment créé une école. Tout au plus a-t-il attiré l'attention sur la coloration, considérée jusqu'alors comme un embellisement du dessin noir et blanc. En ce qui concerne ses nombreuses illustrations et peintures, Laudy a un graphisme qui n'est pas loin de rejoindre celui des grands illustrateurs anglais que furent Rackham, Pyle ou Robinson, et qui place incontestablement Laudy parmi les héritiers directs du Français Dulac, grand illustrateur du début du vingtième siècle.
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