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fiche signalétique
genre : féérique et satirique
1. Les aventures de Bimelabomelatumeleke et sa petite sœur Chibichke
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contexte
En 1944, Jacques Laudy réalise sa première bande dessinée,
dont le titre est peu condensé et qui fut rapidement raccourci (on devine qu'un
tel titre était invendable outre-Quiévrain). Ce récit
représente une intrusion dans le merveilleux, et la simplicité du trait
peut donner une impression d'œuvrette infantile ; pour beaucoup pourtant, ce
récit est une des meilleures œuvres de Laudy, par son thème
mais aussi pour son graphisme qui n'est pas loin de rejoindre celui des
grands illustrateurs anglais que furent Rackham, Pyle ou Robinson, et qui
place incontestablement Laudy parmi les héritiers directs du français
Dulac, grand illustrateur du début du vingtième siècle. Il s'agit d'une magistrale
construction dans l'univers du rêve où l'auteur essayera quelques unes des
recettes qui feront de lui l'un des tous grands noms du neuvième art :
"Je m'étais lancé dans Bimelabom à la façon des conteurs arabes,
c'est-à-dire, sans savoir comment j'allais orienter mon récit..." (lettre de
J.Laudy à Frans Lambeau).
Les Nouvelles Aventures apportent l'élargissement souhaité de l'horizon
des personnages. Ils vont côtoyer trois thèmes qui reviendront dans l'œuvre de
Laudy : la bourlingue, le monde arabe des Mille et une Nuits et le XVIIIème siècle
anglais, le tout présenté avec énormément de clins d'œil devenus
presqu'indécryptables aujourd'hui et de private jokes (dont certains sont repris ou
évoqués dans "
Le Royaume d'Edgar J."). Dans les Nouvelles Aventures, de faussement
naïf, le dessin devient nerveux et bien documenté tandis que les couleurs confirment
leur harmonie et leur qualité à couper le souffle.
histoire
Dans l'esprit de Grimm, deux enfants parcourent un monde étrange peuplé de sorcières, d'animaux et d'êtres bizarres, en une sorte de féérie, parfois rendue en ombres chinoises, où ils parviennent à mettre fin à un malencontrueux état de guerre (ce qui est assez remarquable pour l'époque où la série démarre, l'occupant n'ayant pas saisi le symbolisme et la finesse du récit). Un beau récit d'ailleurs, très joliment mis en valeur par les couleurs et non dénué d'un sens philosophique, mais en même temps d'une simplicité toute humaine et imprégnée d'une certaine mélancolie, propre à ces récits merveilleux que nous content les grands pour l'édification des petits...Ils franchiront les mers pour rechercher un trésor en Afrique, puis traverseront un Orient qui annonce Hassan et Kaddour, avant de se retrouver au XVIIIe siècle, en des planches fourmillantes qui découragèrent peut-être le lecteur et abrégèrent ainsi la carrière de cette "merveilleuse" histoire.